janvier 7, 2023

God of War Ragnarök : vivre à moitié nu et peindre son corps en rouge n’aura jamais été aussi chouette

Par Jauny

En 2018, Santa Monica Studios nous mettait une grosse claque dans la tête avec God of War, renouveau d’une série excellente qui a su se réinventer complètement, transposant sans broncher son univers de la mythologie grecque à la mythologie nordique. Exit Zeus, bonjour Odin. Le titre, récompensé à l’époque du titre de Game Of The Year (GOTY), avait su convaincre l’entièreté de l’industrie tant il était excellent. Quatre ans plus tard, Kratos et son fils Atreus sont de retour pour la suite de leurs aventures dans God of War : Ragnarök, et se pose légitimement une question : les développeurs sont-ils parvenus à créer l’exploit de proposer un jeu encore meilleur ? Allez venez, on embarque ensemble.

God of War : Ragnarök débute dans la continuité directe du précédent épisode, et il est à notre sens complètement indispensable d’avoir fait le premier épisode pour pouvoir profiter de cette nouvelle aventure. Pour ceux qui auraient déjà parcouru Midgard il y a quatre ans, un très court résumé est disponible mais sera davantage là pour raviver vos souvenirs que pour vous (re)faire un topo complet sur les événements.

Dès les premiers instants, on retrouve Kratos et Atreus là où les avait laissé – ou presque – et on comprend que leur relation a évolué depuis. L’enfant n’en est plus réellement un, et notre bon vieux Dieu de la Guerre est désormais plus que jamais empreint de son rôle de père, troquant l’éducation spartiate contre quelque chose de légèrement plus nuancé. Débutent alors les événements de ce nouvel épisode qui, comme à l’accoutumée dans la saga, s’ouvre sur un duel dantesque contre un ennemi bien décidé à vous faire voir l’écran Game Over après seulement quelques minutes de jeu. Scénaristiquement, l’aventure proposée par Santa Monica Studios est une petite merveille et, si je m’abstiendrai bien évidemment de vous en révéler quoi que soit d’important, je peux sans ciller vous annoncer que vous allez vous régaler tout au long de la bonne trentaine d’heures nécessaire à boucler l’aventure.

Une aventure scénaristiquement magnifiée par un procédé déjà utilisé dans l’épisode de 2018 : le plan séquence. A l’image de ce que nous avaient proposé les développeurs il y a quatre ans, l’aventure se jouera ici en intégralité sans le moindre cut, dans un plan séquence qui nous plonge une fois encore l’intimité la plus crue de ses protagonistes. Sans jamais dévier, la caméra suivra irrémédiablement le personnage que nous contrôlons, maniant avec brio le hors champ. L’absence de coupures dans le plan séquence nous empêche en effet de savoir ce que font ou disent les personnages qui ne sont pas présents avec nous à un instant T, renforçant immanquablement la relation entre le joueur et ses personnages. A titre d’exemple, Kratos ne saura jamais ce qui a pu être dit dans une conversation entre Atreus et un personnage très important du jeu dès les premiers instants du titre – conversation qui va pourtant décider de la quasi-totalité de la suite de l’aventure.

Plus qu’une simple prouesse technique, le plan séquence créé par les développeurs est donc un véritable parti pris qui nous fait découvrir l’intégralité des personnages sous un prisme délicieusement intimiste, aussi étrange que soit l’utilisation de ce terme dans une aventure aussi sanguinolente et violente que celle d’un God of War. Elle nous permet d’être au plus proche de chacun des personnages, et de découvrir leurs interactions avec l’ensemble des incroyables PNJ de l’aventure avec leurs yeux. Des PNJ qui ont rarement été aussi plaisants à découvrir, peu importe qu’il s’agisse de personnages amicaux ou d’ennemis que l’on va rencontrer. Une fois encore, mention spéciale à Mimir, compagnon de voyage parfait aux multiples facettes, ainsi qu’à Brok et Sindry, les deux forgerons nains plus présents et utiles que jamais.

Si God of War : Ragnarök sur des chemins inattendus d’un point de vue du scénario, il nous fait également voir du pays au sens premier du terme. Comme dans l’épisode initial, vous allez pouvoir voyager au sein des neuf royaumes pour accomplir votre destinée. Et là, quel régal : chacun d’entre eux possède sa propre ambiance, sa propre atmosphère, son propre biome. Les différents allers-retours entre ces royaumes sont un véritable régal, le tempo des différentes visites étant par ailleurs savamment dosé.

Ces voyages sont autant d’occasions d’en prendre plein les yeux, le titre de Santa Monica Studios ne lésinant pas sur les moyens pour nous mettre claque sur claque. Qu’il s’agisse de découvrir de magnifiques panoramas, d’apprécier les effets de lumière saisissants (je suis toujours aussi fan de la façon dont l’aveuglement est géré lorsqu’on pénètre dans une grotte sombre depuis la lumière vive du jour) ou encore les chorégraphies géniales des combats.

Les combats sont eux aussi une parfaite évolution de ce qui se faisait dans l’épisode de 2018. Sans réinventer la roue complètement, le titre parvient à savamment faire évoluer la recette pour qu’on n’ait pas l’impression de jouer au même jeu, ajoutant quelques nouveautés importantes – et notamment une nouvelle arme – et boostant encore la relation entre Kratos et ses alliés. Certaines scènes sont ainsi vraiment intenses et nous régalent, aussi bien en termes de sensations de combat que visuellement. On pourra toutefois faire à ce God of War : Ragnarök le même reproche que celui fait à son aîné : l’absence de combats gigantesques, comme ceux de la trilogie originale. Ce qui n’empêche pas des affrontements vraiment plaisants, notamment contre les boss ou les redoutables Berserkers – l’équivalent des Valkyries du premier opus.

God of War : Ragnarök réussit son pari : celui de proposer une aventure où les superlatifs sont monnaie courante, et qui parvient à magnifier une formule déjà excellente en 2018. Santa Monica Studios vient clôturer à merveille l’arc nordique des aventures de Kratos, un duo d’épisodes magnifique qui nous aura fait découvrir une magnifique relation père-fils, peut-être la meilleure que nous ait offert le jeu vidéo. Ce titre rentre tout droit au panthéon des meilleurs jeux PS5, et peut-être bien des meilleurs jeux vidéo, tout simplement.

J’ai violenté mon fils vidéoludique pour Conso-Mag. Le test est publié là-bas en premier, alors filez le lire sans plus attendre !