juin 15, 2025

The Precinct : je suis le flic de Beverl… d’Averno City !

Par Jauny

The Precinct nous propulse dans la peau de Nick Cordell Jr., jeune recrue du commissariat d’Averno City, une ville imaginaire coincée quelque part entre les clichés des années 80 et une version néonisée de Training Day. Loin des délires de super-flics façon Hollywood, le jeu mise sur une approche plus « quotidienne » du métier : patrouilles, procès-verbaux, interventions musclées… et une sacrée dose de paperasse virtuelle.

Première surprise : l’ambiance. The Precinct pose d’entrée un cadre ultra marquant, avec ses teintes violettes et orangées à la sauce synthwave, ses néons qui dégoulinent sur l’asphalte humide, et ses musiques qui rappellent les BO de Drive ou Miami Vice. Ajoutez à ça des cinématiques en style BD, une VO correcte bien que parfois un peu surjouée, et un souci du détail plutôt appréciable dans l’habillage global. C’est stylé, c’est cohérent, ça fonctionne.

Mais une fois le badge en poche, c’est là que les choses se compliquent. Car malgré un postulat séduisant — celui de ne pas jouer le voyou, mais le gars qui lui court après — le jeu peine parfois à maintenir l’intérêt. La faute à une boucle de gameplay qui s’épuise assez vite. On commence par verbaliser quelques voitures mal garées, on finit par réprimer une fusillade en centre-ville… mais entre les deux, il y a pas mal de missions qui se répètent, et une IA qui semble parfois avoir eu son diplôme dans une pochette surprise. On peut tomber sur des passants qui prennent feu sans raison, des collègues qui foncent dans les murs, et quelques situations un brin absurdes (oui, une bagnole peut parfois traverser une autre sans souci).

Cela dit, difficile de lui en vouloir complètement. Il y a quelque chose de plaisant à naviguer dans cette ville procéduralement animée, à répondre aux appels radio à la volée, à jongler entre les niveaux de force autorisés. Le jeu propose un vrai effort de contextualisation : on ne dégaine pas son arme pour un oui ou pour un non, et il faut respecter certaines procédures si on veut éviter les gros titres type « une patrouille dérape ». C’est assez rare pour être salué.

Du côté de la narration, ça reste convenu. Le scénario principal n’est pas désagréable mais reste très en surface, avec des rebondissements qu’on voit venir à des kilomètres. Nick, notre flic de service, fait ce qu’il peut pour exister, mais on a du mal à vraiment s’attacher à lui ou à ses collègues. Et malgré quelques efforts pour tisser un fond de polar urbain, l’ensemble manque d’un petit quelque chose pour vraiment captiver.

The Precinct n’est pas un mauvais jeu, loin de là. Il a son identité, ses idées, et un vrai amour pour son sujet. C’est juste qu’il finit par tourner un peu en rond, comme une vieille Crown Victoria qui aurait bien besoin d’une révision. Pour autant, si vous aimez les expériences atypiques, si l’idée d’un GTA vu d’en haut mais en mode « police academy sérieuse » vous tente, et si vous êtes prêt à fermer les yeux sur quelques bugs et approximations, il y a ici de quoi passer un moment agréable. Pas inoubliable, mais rafraîchissant, surtout dans un paysage vidéoludique qui n’ose pas toujours explorer ce genre de terrain.

Ici, on l’a apprécié comme une bonne série B : imparfaite, mais attachante. Une sorte de patrouille de nuit interactive à sortir de temps en temps, histoire de changer un peu des open worlds habituels.