janvier 7, 2024

[Livre] Curiosity de Sophie Divry : Wall-E en moins bien

Par Jauny

En ce moment, mon fils est à fond dans la découverte de l’espace, du système solaire, essayant de comprendre tant bien que mal comment tout ça fonctionne du haut de ses bientôt trois ans et demi. Parce qu’à cet âge là, on a encore une couleur préférée, sa préférence va bien évidemment à la planète rouge. Mars par-ci, Mars par-là. C’est donc avec tout ça en tête que j’ai été attiré, presque naturellement, vers Curiosity, un petit bouquin de Sophie Divry publié au format poche chez J’ai Lu, qui met en scène le célèbre petit robot qui arpente les dunes martiennes.

Dans ce très court ouvrage, Sophie Divry nous livre les états d’âmes du petit rover qui parcourt sans relâche la planète rouge, nous glissant dans les circuits, faisant office de cerveau, d’un petit robot en proie à la solitude alors qu’il vit probablement ses dernières heures. Une personnification à l’extrême de Curiosity, qui nous livre pendant une petite centaine de pages ses doutes, ses craintes, ses interrogations vis à vis de ce Dieu qui lui envoie, chaque jour depuis des années, des indications sur sa marche à suivre.

Le concept m’a parlé dans un premier temps, et j’ai trouvé amusant de se glisser dans les pensées fictives de ce petit être fait de boulons et de processeurs, d’outils de mesure et de caméras. Sauf que, très vite, la mayonnaise qui avait pourtant bien pris commence à avoir un petit goût de rance, un petit goût de trop, un arrière-goût de pas assez. La gestion de la solitude, la recherche de sens de tout un chacun, la volonté de laisser un héritage : j’ai bien compris que les thèmes abordés sont bien évidemment universels ou presque, mais les longues tirades du robot sont à mon sens bien vides.

Ce Curiosity m’a énormément fait penser au chef d’œuvre de Pixar, Wall-E, qui nous fait découvrir ce petit robot seul sur une Terre dévastée par l’apocalypse, en charge de la nettoyer, cube par cube. Lui aussi est seul, lui aussi cherche un sens à tout cela, lui aussi veut créer du lien lorsqu’apparaît Eve. Sauf que là où le long métrage faisait mouche, célébrant le silence, le livre joue avec ses armes et noie, selon moi, le propos dans trop de mots. Difficile également de ne pas penser à Seul sur Mars, qui traite ces mêmes questions sous un angle très proche.

Une lecture dispensable donc, et j’ai pris davantage de plaisir à parcourir les quelques pages de L’Agrandirox, petite nouvelle présente en fin d’ouvrage, rédigée pendant le confinement et qui a permis de (re)vivre cette période étrange sous un angle plaisant.