Persona 3 Reload : je me suis lancé dans ce projet beaucoup trop ambitieux pour moi, je n’ai plus de vie sociale, mais c’est super
Je passais un excellent moment sur Persona 3 Reload pour vous préparer le test, jusqu’au moment où je me suis dit, après 6-7h de jeu, « tiens, ça va me prendre combien de temps pour finir cette aventure, grosso modo ? ». Après un tour sur HowLongToBeat (qui permet d’estimer via les infos de la communauté, le temps pour finir un jeu – en ligne droite, avec les missions annexes ou pour viser les 100%), ma dépression peut commencer : tout ce que je viens de vivre ne représente que 10% de la progression. Comment vais-je survivre à ça ? Dois-je dès maintenant envoyer ma démission à mon boss pour pouvoir vivre pleinement mon aventure ?
Vous l’aurez peut-être compris avec ces premières lignes (ou pas, il est 4h30 du matin quand j’écris ces lignes et je ne suis pas sûr d’être hyper lucide, merci les insomnies à répétition), mais Persona 3 Reload est un jeu qui me plait, qui a su m’attraper et m’emmener dans des endroits où je ne pensais pas réellement pouvoir m’amuser. Un peu comme ce pote qui vous entraîne pour la première fois dans un karaoké alors que vous avez toujours ça trouvé sympa, mais sympa pour les autres, pas pour vous. Finalement, après un ou deux chansons (et autant de cocktails), vous vous prenez au jeu et passez un fabuleux moment.
Persona 3 Reload est mon premier contact avec la série Persona, et je n’étais pas parti conquis d’avance au moment de me lancer dans l’aventure. J’ai toujours pensé que les RPG avaient besoin, pour me faire vibrer, d’une aventure épique, de héros charismatiques, d’enjeux incroyablement élevés. Mes références sont Final Fantasy, The Elder Scrolls, Star Wars KOTOR ou Baldur’s Gate. Alors quand on me dit que je vais incarner un adolescent, passer la moitié de mon temps de jeu sur les bancs de l’école, dans les salles d’arcade ou à manger des ramens avec des copains, je suis perplexe. Pourtant, pour une raison mystérieuse, j’ai été happé. Chaque jour, je me lève, j’enfile mon petit costume d’étudiant, je pars sagement apprendre mes leçons et me faire des amis, avant de troquer cet attirail contre un autre, chaque soir, lorsqu’à minuit, le monde plonge dans « L’Heure Sombre », un moment entre les mondes où certains élus vont devoir combattre les Ombres qui menacent le monde.
Chaque soir, je me rends à Tartare, une tour mystérieuse que je dois gravir avec mes alliés pour découvrir l’origine de cette Heure Sombre qui transforme petit à petit les habitants de la ville en êtres apathiques. Le Tartare se présente comme un vaste donjon, où trois objectifs sont à avoir en tête en permanence :
- Taper du monstre en pagaille pour gagner de l’XP et devenir le meilleur combattant du monde ;
- Looter un maximum de coffres pour pouvoir survivre plus longtemps et améliorer son équipement ;
- Trouver l’escalier vers le niveau supérieur pour continuer l’exploration plus avant ;
- Trouver les téléporteurs qui font office de checkpoint dans l’exploration.
Car tous les soirs, Tartare se transforme et change de manière procédurale. Le seul moyen de pouvoir reprendre son exploration là où on s’était arrêté est de parvenir jusqu’à l’un de ces téléporteurs, symboles d’un repos parfois bien mérité.
Si ces phases d’exploration offrent des sensations assez mixtes, notamment du fait d’environnements très vides et beaucoup trop souvent identiques, gravir les étages du Tartare a un côté vraiment grisant. Chaque nouvel étage sonne comme une véritable progression, une petite victoire accumulée en vue de la victoire finale, et le fait d’avancer dans cette tour qu’on imagine potentiellement infiniment haute offre au titre une aventure assez vertigineuse.
Mais si ces passages sont aussi bons, c’est aussi et avant tout du fait du système de combat de Persona 3 Reload, qui est une vraie réussite. Les combattants disposent tous de Persona, sortes d’invocations qu’il est possible de faire intervenir en combat moyennant quelques PC (ou PV parfois). Ces dernières, qui disposent de leur propre XP et donc de leur propre évolution, parallèle à celle des combattants, disposent de différentes compétences qu’il faut utiliser à bon escient en fonction des ennemis. On est sur du grand classique : le feu contre l’eau, la lumière contre les ténèbres, l’électricité contre le vent. Tous les amateurs de RPG ou ceux qui ont collectionné les badges des arènes Pokémon ne seront pas dépaysés.
L’un des points vraiment intéressant est la recherche du point faible de l’ennemi. Si les trouver est parfois très simple, il faut occasionnellement y aller beaucoup plus à tâtons pour trouver la bonne formule, rendant certains affrontements très intéressant, notamment contre les boss les plus coriaces. L’une des grandes forces du jeu est alors de proposer des raccourcis en pagaille pour que, d’une touche, vous puissiez sélectionner l’attaque qui va attaquer le point faible de l’ennemi en face de vous, accélérant ainsi le rythme des combats. Si j’ai été un peu surpris par cette possibilité que je voyais comme un mini cheat, j’ai finalement compris qu’elle servait énormément au rythme du jeu, permettant une progression dans Tartare très pêchue.
Au-delà des affrontements en eux-même, Persona 3 Reload propose un système de gestion des Persona qui est admirable. Les Persona s’obtiennent, pour la plupart, en gagnant des cartes à la fin des affrontements. A l’image d’un Pokédex que vous devriez remplir, il y a un beau paquet d’entités à collectionner. Certaines Persona, en revanche, ne pourront s’obtenir qu’en en fusionnant d’autres : combinez A + B pour obtenir C est le système de base. Mais il est possible également d’en combiner 3 simultanément pour obtenir les plus puissantes. Et parmi ces 3, certaines doivent parfois être elle-mêmes issues de fusions précédentes. Bref, il y a tout un monde de gestion de cet aspect qui est vraiment très plaisant, d’autant plus que les Persona en elles-mêmes ont toutes une identité et un design de qualité !
Enfin, petit tour du côté des autres ajouts de ce Persona 3 Reload en comparaison de sa version originale (parue sur PS2 il y a 15 ans de cela tout de même !) : le titre a bien évidemment bénéficié d’une remise à jour graphique de belle facture qui, s’il n’égale pas les meilleures productions actuelles, reste très convenable visuellement. Les doublages ont été retravaillés également, incluant désormais des versions anglaises, tandis que les activités extra-scolaires ont eu droit elles aussi à un bon lifting, conférant à la partie « jour » du jeu un vrai coup de jeune. Côté son, on note également l’ajout de nombreuses nouvelles pistes audio, rendant l’exploration de Tartare un peu plus variée, ce qui n’est pas du luxe.
Pour mon premier contact avec la saga Persona, j’ai été vraiment séduit par ce Persona 3 Reload. Quinze ans après sa sortie initiale sur PlayStation 2, le titre a bénéficié d’un vrai lifting qui le remet totalement au goût du jour. Certes, l’exploration de Tartare peut parfois se révéler répétitive mais, en fin de compte, on y retourne toujours avec plaisir. Que ce soit le jour (avec le lycée ou les activités extra-scolaires) ou le soir (avec les combats et l’exploration de Tartare), le jeu offre un vrai sentiment de progression qu est très stimulant pour le joueur. Essayer Persona 3, c’est très probablement l’adopter !